Les festivals après 1945 : au cœur des enjeux culturels de décentralisation
Résumé
L'émergence européenne des festivals de musique après 1945 participe de la démocratisation et décentralisation de l'art lyrique tout en jouant de la diplomatie culturelle. La diffusion populaire des Chorégies d'Orange tient compte de la qualification d'un théâtre de plein air, de sa jauge et sa configuration en gradins pour célébrer les opéras cultes avec des vedettes. Si la griffe "Mozart" est dans les gènes de l'élitiste Festival international d'Aix-en-Provence depuis 1948, un glissement vers la création interculturelle caractérise ses deux dernières décennies par des commandes. La préférence française est en revanche accordée aux programmations du Festival de Vichy (1952-1963), de Berlioz à Henri Tomasi. De plus récents festivals portent des enjeux plus ciblés et événementiels, qui les distinguent des saisons lyriques. La fondation du Festival d'Ambronay par des bénévoles (1980) s'appuie sur l'engouement pour le revival baroque, tout en accueillant la formation et la diffusion de jeunes formations européennes. Lorsque l'exhumation d'opéras des XIXe et XXe siècles (recréation) est l'une des cibles du Festival Radio-France Montpellier Occitanie (1985), il profite du partenariat entre l'antenne et les orchestres de Radio-France d'une part, les collectivités territoriales d'autre part, pour élargir sa diffusion.